Crowdfunding et crowdlending : comment bien faire la différence ?
En navigant sur internet, on n’a de cesse de lire des articles sur ces nouvelles méthodes de financement telles que le crowdfunding ou le crowdlending. Il convient d’apporter quelques précisions afin de mieux appréhender ces placements financiers qui sortent de l’ordinaire. En réalité, le financement participatif est plus vieux que n’importe lequel d’entre nous. La première mise en commun de fonds particuliers a permis l’achèvement d’un monument plus que célèbre, la Statue de la Liberté. Lors de sa construction, le manque de capitaux avait poussé les responsables du projet à lancer une collecte par le peuple. La participation de ce dernier est la raison pour laquelle on peut aujourd’hui voir la légendaire sculpture de l’autre côté de l’Atlantique.
Aujourd’hui, le crowdfunding tend à se démocratiser. Parallèlement à cette tendance, on assiste évidemment à une diversification de l’offre, permettant à tout un chacun de mettre un partie de son capital dans un projet qui lui plaît ou qui peut lui rapporter.
En réalité, le crowdfunding sous toutes ses formes excite les foules car c’est une « nouvelle » façon de s’émanciper des circuits traditionnels de financement. Banques, fonds d’investissements, assurances, les types de placements ne manquent pas mais il leur manque quelque chose d’attrayant que le crowdfunding dans sa globalité apporte.
Mais alors, quelles sont les différences entre crowdfunding et crowdlending ?
Pour bien comprendre les différences entre ces deux types de financement, il convient de délimiter le sujet. Le crowdfunding est un domaine large et, comme écrit plus tôt dans cet article, il en existe une grande variété. Pour faire simple, le crowdfunding, ou financement participatif, consiste en une mise en commun de fonds de personnes physiques ou morales pour mener à bien un projet. La finalité de ces projets diffère selon le type de crowdfunding. Il existe le crowdfunding sous forme de don, le reward crowdfunding ou crowdfunding avec récompense et, bien évidemment, l’equity crowdfunding, ou investissement participatif. C’est de cette dernière forme que nous allons parler dans le reste de cet article.
L’investissement participatif est, comme son nom l’indique, un investissement de plusieurs individus sur un même projet. Les investisseurs attendent une contrepartie financière qui peut prendre plusieurs formes. Il peut s’agir d’une « rente », de l’acquisition de parts dans le capital ou d’une rétribution directe sous forme d’intérêts. C’est à cet instant que la scission entre crowdfunding et crowdlending s’opère.
Le crowdlending se traduit comme une forme de prêt aux PME-TPE avec une rétribution mensuelle. Il sert donc à complémenter ou à remplacer les banques afin d’aider une entreprise de taille modeste à atteindre un objectif.
Le crowdfunding, quant à lui, a plus une connotation « investissement » et sa rétribution peut également prendre différentes formes. En effet, la forme la plus conventionnelle concerne généralement les startups. En échange de fonds, elles confient des parts de leur capital aux investisseurs et les rétribuent avec des dividendes, à la manière des sociétés en bourse. En clair, les investisseurs misent sur le développement de la startup pour décupler leurs capitaux. Une forme plus sécurisée d’investissement participatif est le financement de projets dans des secteurs à forts potentiels via la souscription de titres financiers. Dans plus de 80% des cas, ces titres prennent la forme d’obligation. Le crowdfunding immobilier utilise habilement ce type de placement en mettant en relation particuliers et promoteurs immobiliers. La promotion immobilière est une activité nécessitant beaucoup de capitaux et pour les obtenir, les promoteurs font bien évidemment appel aux banques. Cependant, en échange d’un crédit, tout établissement bancaire demandera systématiquement un certain investissement financier du promoteur : entre 10 et 20% du projet. C’est donc en finançant partiellement que les crowdfunders interviennent dans l’immobilier. En contrepartie, les promoteurs remboursent le capital investi et le complètent avec des intérêts. Évidemment, l’attrait de ces investissements est qu’ils offrent des intérêts bien plus intéressants que les placements bancaires tout en étant plus sécurisés que les placements en bourse.
Quel mode privilégier ?
Au niveau des montants totaux de récolte, le crowdfunding immobilier et le crowdlending suivent une même tendance : une augmentation vertigineuse. En 2016, 54,8 millions d’euros ont été récoltés via 17 plateformes de crowdfunding immobilier en France. Le secteur a joui d’un développement de près de 80% par rapport à l’année précédente, preuve que les investisseurs se fient de plus en plus à cette forme d’investissement. En parallèle, le crowdlending a connu une tendance encore plus impressionnante : le montant prêté aux entreprises a été multiplié par 2,6 entre 2015 et 2016, passant à plus de 83 millions d’euros. Ces deux tendances concordent avec la vision changeante des Français sur l’investissement.
La différence la plus marquante entre les investisseurs de ces deux modes de placement est leur profil. En effet, même si investissement participatif et crowdlending restent tous deux très accessibles, le crowdfunding concerne généralement des montants plus importants. Par exemple, le ticket d’entrée pour des projets sur Lendix, première plateforme de crowdlending, est de 20€, son maximum étant de 2000€. Pour le crowdfunding, notamment immobilier, le ticket d’entrée est en moyenne de 1000€ et aucune limite n’est imposée aux investisseurs. Par conséquent, tout dépend du capital que l’on est prêt à investir. Plus le capital est grand, plus les attraits du crowdfunding immobilier sont forts. Qu’il s’agisse de 1 000€ ou de 100 000€, le rendement contractuel du crowdfunding reste une valeur sûre pour les investisseurs à la recherche de diversification.
Alors que nous sommes en pleine « uberisation » de tous les secteurs, se pourrait-il que ces nouveaux acteurs aient enfin trouvé une formule viable dans ce milieu où rentabilité et sécurité se disputent le choix des investisseurs ?